La loi Darcos : 3€ de frais de port minimum
Chez Ant Editions, dans notre boutique en ligne, nous avons fait le choix de mettre 3 € pour les commandes de moins de 35 € et au-dessus, à mettre 50 centimes pour compenser les hausses postales systématiques.
Que penser de cette loi ?
Cette dépense est la même si j’envoie le livre à un lecteur l’ayant acheté sur le site Ant Editions, à un libraire qui répond à une commande d’un client, à Cultura ou à la Fnac.
Si je décide de mettre les frais de port réels :
Si je mets les 3 (ce que je fais) :
Les livres sont vendus MAIS je sais que je perds 4 € de marge par livre minimum. J’aimerais mieux monter les droits d’auteurs de 2€ et garder 2€ de marge pour la structure éditoriale.
Je profite de ce sujet pour faire une parenthèse sur la commande en librairie.
Je paye donc 7 € pour lui l’envoyer (avec la remise + le versement des droits d’auteurs, je ne gagne rien voire même je perds des sous).
Le libraire reçoit le livre et l’envoie à son client. Il va mettre 3€ de frais de port puisque c’est lui qui vend et paiera aussi 7 €.
Sur un livre à 15 € :
Deux vrais gagnants seulement : la Poste et l’Etat.
Fin de la parenthèse.
C’est clair qu’Amazon y était de sa poche mais en ressortait gagnant grâce à sa marge sur les livres, les achats d’autres produits, etc.
Amazon vend un livre sur 10 chaque année en France.
Imaginons que « seulement » 10 millions de livres commandés seraient concernés par ce décret.
Le décret permet donc à Amazon de gagner 30 millions d’euros sans répondre au vrai problème derrière.
Que faire alors ?
La solution serait d’avoir un vrai tarif des envois de livre pour tous les professionnels (auteurs, libraires, éditeurs), comme le tarif livres et brochures.
On aurait un tarif de 2 € par exemple, cela coûterait bien moins cher aux clients, cela dégagerait plus de marges, les auto-édités pourraient aussi mieux s’en sortir, idem pour tous les indépendants.
Cela répondrait aussi aux questions de mobilité (personne en situation de handicap devant se faire livrer), au maillage territorial des librairies (forcément, s’il faut se taper 30 kilomètres pour aller chez un libraire, autant se faire livrer), aux livres introuvables…
Il faut arrêter de penser uniquement avec le prisme « Oui mais Amazon, gnagnagna » et plutôt se dire « Pourquoi les gens vont sur Amazon plutôt que de pousser la porte de telle librairie ? »
J’ai déjà plus de ventes à la Fnac que chez un libraire du secteur qui, depuis la création d’Ant Editions, a commandé en tout et pour tout un seul livre (et c’était une commande d’un client). Il n’a jamais souhaité proposer les titres en rayon et reste sourd sur les nouveautés ou d’éventuelles dates de dédicaces.