Tu viens à ce salon ?
Au fait, tu seras présent au festival Machin ?
Il faudrait que Truc dédicace dans le coin.
J’ai vu Bidule sur un festival mais il n’avait pas le bouquin sorti chez toi.

Ces phrases, je les entends régulièrement.
Depuis quelques temps, j’avais envie de réaliser ce billet pour parler des relations entre festivals et éditions indépendantes.

La photo choisie pour illustrer cet article est une des situations idéales : accueil au top, staff à l’écoute, égalité de traitement. Elle a été prise à Eurre, au festival Bulles en Drôme 2023. Dans le même registre, j’aurais pu partager une photo du festival BD de Saint-Péray, Bulles Dessinées.

Mais, vous vous doutez, si je parle d’une situation idéale, c’est parce que ce n’est pas toujours le cas.

Quand on est indépendant, le démarchage des festivals est très compliqué.

Première difficulté : avoir une réponse. Et oui, on prospecte, on prospecte mais bien souvent dans le vent. Même sur les réseaux, nous voyons les messages être lus mais qui restent sans réponse. Ou une réponse qui renvoie aux calendes grecques : « Merci pour l’intérêt porté pour notre festival mais la programmation est déjà bouclée pour dans 11 mois et il n’y a plus de place, contactez nous dans un an et demi ».
Spoiler : il n’y aura pas plus de places dans un an et demi mais, le jour J du festival, trois tables seront trouvées pour faire venir un quatrième stand de crêpes.

Seconde difficulté : avoir une réponse POSITIVE. Les subventions pour ces salons et festivals reposent très souvent sur le nombre de visiteurs… Quand les places sont limitées, le festival sera plus tenté de faire venir une tête d’affiche connue plutôt que de bloquer le même espace pour une structure indépendante inconnue du grand public. Et, dans cette logique, la/le dessinatrice/dessinateur connu(e) l’emportera sur la/le scénariste ou la/le coloriste.

Troisième difficulté : avoir une réponse POSITIVE et de BONNES CONDITIONS. C’est là où ça fait le plus mal… On y croit et là, paf, l’espace est payant, l’indépendant devient un simple revendeur qui devra tout prendre en charge (repas, boissons, transport, logement…). Même « ses » auteurs ne seront pas réellement invités et seront pris intégralement en charge par l’éditeur. Parfois, l’autrice/l’auteur sera invité mais dédicacera aussi les autres titres publiés chez d’autres éditeurs (qui, eux, ne paieront pas de stand et ne bosseront pas tout un week-end).
Paradoxe de la situation : quand « nos » auteurs sont invités sur d’autres salons, il est très rare qu’on y trouve nos livres car non commandés par les libraires référents (je le dis et redis : les livres peuvent être commandés et dans de bonnes conditions ; d’ailleurs, merci aux libraires qui jouent déjà le jeu !).

Quand on met bout à bout ces trois difficultés, on ne peut que constater qu’un indépendant va galérer pour venir sur un festival BD, même local. Et, quand il arrive à décrocher le précieux sésame, la rentabilité du stand n’est pas toujours au rendez-vous quand on additionne les différents frais.

Pourtant, comme indiqué en introduction, il est possible d’avoir des fonctionnements différents.

Pourquoi ne pas ajouter dans les critères de subventions la présence d’une ou deux structures locales indépendantes (ou auto-édités) ?
Après tout, les festivals bénéficient souvent de financements publics venant de collectivités locales et il ne serait pas abusé qu’elles permettent de faire venir de la création locale plutôt que d’augmenter les ventes de gros groupes éditoriaux.
Les aides nationales, souvent conditionnées à la rémunération des autrices et auteurs, pourraient également intégrer ce point et permettraient en plus une meilleure redistribution.

De même, cela ne ferait pas exploser les budgets que d’accueillir l’édition indépendante dans les mêmes conditions que les autres autrices/auteurs invité(e)s. Cela permettrait en plus de travailler en bonne intelligence entre les acteurs de la chaîne du livre locale (festival – libraire – éditeur et/ou auteur).

Chères organisatrices, chers organisateurs, vous avez les cartes en main pour soutenir la création indépendante.

 

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